Un joyeux anniversaire... [Pv : Vanille]

Admin Messages : 13 Date d'inscription : 22/01/2011 Age : 35

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'un mardi, à 15 heures, il n'y avait pas grand monde dans le centre-ville qui voulait s'arrêter dans un bar pour prendre un verre. En effet, pour les gens qu'un barman pouvait voir passer devant son bistrot, il n'y avait que deux mots qui marchaient : boulot, ou shopping. Parfois, il y en avait aussi qui essayaient d'échapper à la milice...mais ça par contre, ils se sentaient souvent un peu moins concernés...

Ethan, en bon barman qu'il était, ne dérogeait pas à certaines règles : il faisait le pied de grue derrière son comptoir, essuyant inlassablement le même verre depuis au moins 10 min. Les habitués du bar, qui le regardaient en souriant, avaient même déjà pris des paris. On en était à 20 contre un qu'il le reposerait, avant de le reprendre pour l'essuyer dans les minutes à venir.
En fait, il n'était pas compliqué de deviner qu'il était préoccupé par quelque chose, plongé dans ses pensées : un jour important pour lui arrivait...

L'année passée, ce même jour était bien entendu arrivé. C'est le genre d'emmerde récurrente ; et la plupart du temps, une fois par an. Mais il avait eu la chance alors de ne pas être très connu, et de n'avoir qu'une poignée de personne qui venaient lui serrer la main, et demander une tournée pour l'occasion.
Il voulait à tout prix éviter ce jour, faire qu'il soit comme les autres...mais en même temps...attirer du monde, faire de la consommation...épater la galerie avec ses bouteilles...sans parler de la pub.
D'un coup, il reposa son verre violemment sur le comptoir, avec le regard décidé de l'homme qui vient de prendre la plus grande résolution de sa vie : cette année, il le fêterait dignement l'anniversaire de son bébé ! Enfin de son bar...

Et puis en même temps...il s'était vraiment bien fais à cette petite vie tranquille et sans histoire. Pas beaucoup de monde en journée, les habitués et les amis en soirée, les fêtards la nuit...pourquoi en demander plus au risque de vois ce qu'il a partir comme un château de carte ?

Oui, décidément, depuis sa plus tendre enfance, les anniversaires avaient toujours été un problème pour le jeune homme. Pas qu'il ne recevait pas de cadeau, non, absolument pas...c'est plutôt la dispute parentale qui suivait l'ouverture du paquet qui le dérangeait. Et puis manger un gros gâteau au chocolat, ça a beau être tentant...quand on entend à travers la cloison les parents qui se battent, puis qui se "réconcilient"...ben y'a des années où ça vous coupe l'appétit. Pour au moins deux jours...

Il recula d'un pas ; s'assit à moitié sur son plan de travail et posa un pied sur le comptoir...avant de pousser un soupir. Et enfin, sous les ricanements de ses fidèles, il attrapa son verre...et l'essuya avec attention...

Ce matin là, Vanille s'était réveillée dans une petite ruelle encadrée par deux grands gardes du corps qu'étaient les grosses poubelles posées là. Efficaces gardes du corps mais tout de même assez odorants il fallait bien l'avouer.
La jeune fille bâilla à s'en décrocher la mâchoire, avant de passer une main dans ses cheveux, réalisant ainsi qu'ils étaient totalement en bataille. Elle se leva donc, époussetant un peu sa robe blanche et froissée, vérifia la présence de son paquet de carte et meilleur ami, et sortit de la ruelle.
Aucune trace de la milice à l'horizon et un temps plutôt agréable en ce début de matinée. Un léger sourire perça sur les lèvres de la jeune femme, alors qu'elle s'aventurait enfin dans les nombreuses rues de la grande citée sous marine.

Direction, la fontaine. Cette toute petite minuscule fontaine située au beau milieu d'une toute aussi petite et minuscule place ou peu de gens se rendait et surtout, ou la milice ne pensait presque jamais à aller. L'endroit rêver pour se débarbouiller quelque peu, d'autant plus que l'eau y était ambiante et non glacée comme dans la majorité des autres fontaines de la cité.
Puis, une fois propre, ou du moins à peu près, elle s'assit sur le rebord de la fontaine et ouvrit son paquet de carte afin de regarder chacun d'entre elles. Comme tous les matins. Une sorte de petit rituel et de mise en jambe pour son travail de la journée.

Cartomancienne mais surtout clandestine, elle n'exerçait jamais au même endroit. Bien sur, il y avait des lieux de rassemblement où les clandestins travaillaient, mais ces "nids de clandestins" comme ils appellent ça, étaient souvent bien vite découvert par la milice. C'est pourquoi Vanille préférait éviter l'endroit. Elle, c'était une nomade. Jamais au même endroit. La plupart de ses clients trouvaient cela fort mystérieux et amusant. "Collant parfaitement au personnage" comme on lui disait souvent. Alors, elle avait joué sur cet atout pour se faire une petite renommée. Toute petite, afin de ne pas attirer trop d'attention sur elle, mais assez grande pour se faire suffisamment d'argent pour manger à sa faim.

Ce matin là, ce fut la foule. Elle eut tellement de "clients" qu'elle crut bien ne plus en voir la fin. Elle noterait donc l'endroit dans lequel elle s'était placé comme mauvais, attirant trop de monde et donc avec plus de risques concernant la milice.
Quoi qu'il en soit, elle ne put s'accorder une pause avant 15h. Et autant dire que lorsque l'on est levé depuis 6h du matin, il commence à faire faim à cette heure.

C'est ainsi sur les appels incessants de son ventre que la jeune femme se mit en tête de partir en quête de quelques chose à se mettre sous la dent. N'importe quoi.
Trouver un endroit ou acheter de la nourriture était également tout un art, surtout à cette heure. Il fallait à tout prix éviter les endroits surpeuplés. Toujours pour la raison habituelle mais également parce que Vanille n'était ni patiente, ni très sociables.

La jeune femme traversa plusieurs rues en vain, rapide et discrète comme l'air. Elle avait vite prit l'habitude de passer inaperçue dans l'immense foule de la cité.
C'est finalement quelques minutes plus tard qu'elle arriva en vue d'une rue semblant un peu moins fréquentée. Elle s'y engouffra. Et bien vite, sous ses yeux, apparut l'évidence. Un bar assez désertique à cette heure. Comme quoi, même les plus démunis peuvent parfois avoir un peu de chance.

Par pur réflexe, Vanille observa les alentours, vérifiant l'absence de monde, avant de s'engouffrer dans l'établissement. Elle posa un pied sur la seuil d'entrée, refermant à demi la porte derrière elle, juste au cas ou, et commença à scruter l'intérieur. Une précaution qu'elle avait vite apprise. Mais surtout une précaution qui ne devait pas sembler comme telle. Ainsi, elle commença à arranger un peu sa tenue, s'essuyant les pieds au passage pour réaliser discrètement son inspection. Souvent, on la prenait ainsi pour une femme un peu bourge sur les bords. Mais peu importe l'image que l'on pouvait avoir d'elle du moment qu'elle était fausse.

Quand soudain, son regard se posa sur la barman installé bien logiquement derrière son bar. Elle bloqua un instant. Ce visage lui rappelait quelque chose, mais elle ne parvenait pas à se souvenir exactement. Enfin, si elle avait oublié c'était forcément car elle ne l'avait pas identifié comme un ennemi. Les ennemis, elle n'oubliait jamais leurs visage.
L'inspection d'entrée à présent terminée, la jeune femme se décida donc à se diriger vers le bar après avoir finalement refermer complètement la porte derrière elle...

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Ça y est, la décision était prise ! Il devait organiser quelque chose ! Quelque chose, oui, mais quoi ?
Il y avait bien entendu toujours la solution de la réception mondaine. En général, les nobles appréciaient les réceptions mondaines. Mais bon...on ne peut pas dire que la grande noblesse Ysentienne était de sa clientèle. Il avait plus pour habitude de recevoir leurs enfants, pour les fins de soirée arrosées...
Ou alors, il pourrait organiser une vraie fête comme il y en avait dans le bar de Sergio avant : de la bonne musique, voir même pourquoi pas un groupe...et puis il pourrait...avoir à tout organiser, comme toujours. Il aimait son métier par-dessus tout, mais l'intendance par contre...qu'est-ce qu'il pouvait détester ça !

Plongé dans ses réflexions, il n'entendit pas sur le coup la clochette de la porte tintinnabuler. Il préférait penser à la manière dont son vieil ami avait sus gérer de main de maître son affaire. ÇA c'était un sacré patron de b...

Il n'eut pas le temps de terminer sa pensée, se disant enfin qu'il avait entendu un bruit étrange. Il tourna la tête vers la porte, et la vit, les mains sur sa robe qu'elle devait essayer de défroisser, et ses grands yeux d'un bleu attirant qui se plongeaient dans ceux du jeune homme.
Sur le coup, en la voyant, il s'arrêta de respirer pendant une seconde. Il avait l'impression que s'il ne se détachait pas de ses yeux, il risquerait de ne plus en sortir, et de s'y noyer purement et simplement.
Ce contact dura à peine 5 secondes, il le savait intérieurement ; mais quand l'un de ses clients se racla bruyamment la gorge pour le sortir un peu de son rêve, il se sentit comme s'il n'avait pas reposé les pieds sur terre depuis 2 ans...

Une fois ses yeux à nouveau libre, il la détailla un peu tout en se redressant pour se préparer à la servir. Elle était plutôt mignonne ; et son côté "je me fond dans la masse" n'était pas déplaisant. Ça avait un petit côté myst...
Hey ! Mais il connaissait ce visage ! Il l'avait déjà côtoyé de près ! Il n'oubliait jamais le visage d'une jolie femme qui l'avait accosté. Mais où avait-il bien pu la rencontrer...?

Il se décida finalement à dire :

"Alors dites-moi ! Que puis-je pour faire le bonheur d'une si charmante jeune femme aujourd'hui ?"

Vanille le savait. Vous pouviez être un expert pour vous fondre dans la masse, si vous ne deveniez pas invisible en prime, jamais vous ne pourriez passer inaperçu en entrant seul dans un lieu. A moins que le lieu soit bondé, bien sur. A bien y réfléchir, cela aurait put être une meilleure technique d'invisibilité que d'entrer dans un établissement assez peu peuplé. Mais la jeune femme, malgré ce que les autres pouvaient bien penser, avait toujours préféré sa technique à elle. Du moment qu'elle gardait ses distances, tout irait bien et si par malheur les choses tournaient mal, il y aurait toujours moins de témoins.
Et a vrai dire, la seule chose qui aurait pu trahir la clandestine, était sa robe commençant à se faire un peu vieille. Un de ces jours, elle devrait penser à économiser pour s'en acheter une nouvelle. Quoi que les robes d'ici fassent un peu trop chic à son goût.

Ignorant donc les regards de la salle posé sur elle, elle s'avança de sa démarche assurée vers le comptoir. Impossible toujours de reconnaître l'homme derrière celui-ci. Cela ne lui plaisait guerre. Comment aurait-elle pu connaitre un gérant de bar ? Ou ? Pourquoi ? Et dans quelles circonstances ? Elle se mordit le coin de la lèvre inférieure. Une sorte de réflexe chez elle lorsqu'elle réfléchissait.

L'homme de son côté, semblait pour le moment incapable de détacher son regard de celui de la nouvelle arrivante qu'elle était. Une nouvelle perturbation pour la jeune femme. Se posait-il la même question qu'elle ? Ou craquait-il littéralement sous sa beauté ? Elle doutait fort de la seconde option.

Alors qu'elle était donc en chemin, un fort raclement de gorge se fit entendre dans la salle, faisant sursauter la jeune femme. Elle tourna la tête vers la provenance du bruit, affichant durant un court instant une sensation de peur sur son visage, avant de se reprendre.
Dans des lieux étrangers tels que celui-ci, le moindre son, le moindre mouvement, était effrayant pour elle. C'était à se demander comment elle avait survécu pendant deux ans sans jamais se faire prendre. A croire qu'au final, elle était plutôt bonne actrice.

Finalement, alors qu'elle était finalement arrivée au bar, le barman prit la parole. Vanille le scruta un instant du regard, avant de fouiller un bref instant dans sa poche, en ressortant quelques pièces qu'elle déposa simplement dans le comptoir.

" A manger, pour cette somme... "

Une réponse courte. Ce n'était pas de l'impolitesse. Vanille n'aimait tout simplement pas s'exprimer en public. Car, comme on dit : " tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous ". Ainsi, elle ne disait toujours que le strict nécessaire.

La somme qu'elle avait déposé sur le comptoir n'était pas bien grande. Tout juste assez pour un petit quelque chose à grignoter. Mais heureusement, Vanille n'avait jamais eut un gros appétit, et elle préférait de toute manière dépenser le moins possible. Avec un peu de chance, l'homme lui servirait de quoi tenir jusqu'au soir, ou au lendemain matin au mieux.

La jeune femme grimpa sur l'une des chaises hautes présentes derrière le bar. Elle s'installa en biais, gardant ainsi un regard sur la salle. Un réflexe. Juste au cas ou.
Commençant à se détendre quelque peu, elle crut finalement bon d'ajouter à l'adresse du barman :

" S'il vous plait ... "

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Le moins que l'on puisse dire, c'est que la somme qu'elle avait déposé du bout des doigts sur le comptoir n'était pas la plus impressionnante qu'il ait été donné de voir au patron du bar. Et elle voulait manger avec ça ? Après une courte réflexion, il en vint à une conclusion qui ne lui plaisait pas le moins du monde : pour ce qu'elle avait déposé, elle pouvait se permettre un petit sandwich, ou une part de quiche...avec bien entendu la carafe d'eau offerte par la maison pour les non-alcooliques.

Mais alors que cette pensée lui traversait l'esprit, il regarda son visage ; et une autre pensée la chassa vite :

*Non...je peux pas la laisser partir comme ça...je sais pas trop si elle est esclave ou clandestine, mais j'ai une conscience tout de même...*

Il s'accouda au comptoir, et pendant un bref instant, il se replongea dans ses pensée...jusqu'à entendre un :

" S'il vous plait ... "

Mince...l'avait-il déçu par son inaction, ou bien avait-elle peur qu'il ne réagisse pas et l'envoyer bouler hors de son établissement. Il commençait à envisager toutes les possibilités, quand il se rendit compte qu'elle par contre avait l'air de plus en plus détendu...
En ce moment c'était une habitude pour lui de se lancer dans d'intenses réflexions à n'importe quelle heure du jour...

Et puis ce visage...quel visage. Comment aurait-il pu oublier un tel visage, ampli de grâce est de finisse ? Il avait replongé en pleine réflexion, quand soudain, il eu une sorte d'épiphanie : il redressa la tête, et chuchota à son égard :

"T'es une clandestine non ? Tu peux parler librement ici, rien ne sortira de ces murs..."

Ainsi installée, Vanille ne put s'empêcher de se laisser aller à pousser un léger soupir. Après la fatigue de la matinée, elle devait avouer qu'un peu de réconfort, bien que ce ne soit qu'une simple chaise bar, ne pouvait lui faire que du bien.
La fatigue l'avait gagné bien trop vite. Bien sur, elle ne pouvait pas se plaindre d'avoir eut du travail. En une matinée, elle avait gagné la somme d'une longue journée, ce qui était rare voir exceptionnel. Mais elle n'était pas du genre bourgeoise qui s'acharne au travail du matin au soir. Et une pause entre deux "consultations" avait toujours été la bienvenue malgré l'argent moins présent au final. Mais Vanille ne s'en cachait pas, elle n'avait jamais été un accroc de l'argent et avait d'ailleurs toujours bien mieux vécu lorsqu'elle était pauvre que riche. Pour elle, la richesse et l'argent à foison nous privait plus ou moins de toute forme de vie agréable. Mais là n'était pas la question actuelle.

Vanille s'accouda au bar, posant sa tête dans le creux de sa main, enroulant un doigt autour d'une mèche de cheveux bouclés. Elle attendit. A vrai dire, elle n'était pas pressée. Elle ne l'était jamais.

La jeune femme se laissa alors aller à des pensées nombreuses et variées qu'il n'est pas utile d'énoncer ici, lorsqu'elle sentit soudain un mouvement se rapprocher d'elle. Elle leva brusquement la tête pour tomber face au barman qui lui murmura quelques mots. Des mots qui eurent pour effet de la raidir aussi sec. Elle se redressa vivement, scrutant l'homme d'un regard quelque peu apeuré et surpris. Par réflexe, elle crispa sa main sur son paquet de carte.

Était-ce la petite somme d'argent ou bien son piètre accoutrement qui l'avait trahit ? Elle l'ignorait mais le tout à présent était de se sortir de cette mauvaise passe. Surtout, ne pas nier. Elle ne savait simplement dire non en ayant l'air crédible sur ce sujet.
Se reprenant quelque peu, elle apaisa l'expression de son visage avant de répondre d'une voix assez cassante.

" Je vous pose des questions personnelles moi ? "

Des phrases telles que : "Tu peux parler librement, je ne dirais rien..." etc, elle en avait souvent entendu. Et au début, elle s'était souvent faite avoir. Alors ce n'est pas ce genre de chose qui allait la rassurer. Pour le genre de fille qu'elle était, la confiance était une chose lointaine et souvent oubliée.

» Vanille Decombe